< PreviousAssemblage des tubes de 12 m pour former des tronçons de 1 km. Pour 100 km de Gazoduc il faut compter 9’000 soudures. Chacune est contrôlée systématiquement.Le BouveretA1973 pose du gazoduc sous-lacustredans le Léman Le dernier kilomètre est tiré à l’avant par un remorqueur et maintenu à l’arrière par un chaland pour être mené à la barge (où les tronçons de tubes sont assemblés).Les plongeurs enlèvent les flotteurs et font pénétrer le gazoduc dans les profondeurs du Lac Léman. Le tube effectue une courbe en S au rayon contrôlé en permanence avant de se poser en douceur au fond du lac.BC312MÈTRES DE PROFONDEUR90MILLIONS DE FRANCS65,8KILOMÈTRESDE TUBESTERRESTRES99KILOMÈTRESDE TUBESLACUSTRESLA POSE D’UN GAZODUC DANS LE LÉMAN, À UNE PROFONDEUR DE 312 M, EST UNE PREMIÈRE MONDIALE.21Des contrôles par sous-marinResponsable de la surveillance des tracés chez Gaznat à la fin des années 1970, Henri Zingg se souvient des nombreuses jour-nées passées à surveiller l’état du gazoduc sous-lacustre à bord du sous-marin Auguste Forel en compagnie de Jacques Piccard et de son ingénieur-pilote : « C’était un petit submersible à trois places, capable de plonger à 300 m de de profondeur. Nous devions suivre le tracé du gazoduc posé sur le fond pour vérifier qu’aucune fuite n’était survenue, raconte le Montheysan qui a travaillé au centre de surveillance d’Aigle jusqu’à sa retraite en 2008. Les plongées s’effectuaient en hiver quand les eaux étaient plus Acheminementdu GazoducDu 10 mars au 10 juillet 1973claires. Il fallait être particulièrement attentif dans les zones d’atterrage, où l’on pouvait craindre des éboulements, notam-ment à La Tour-de-Peilz. On restait à bord 7 à 8 heures d’affilée avec un sandwich pour tout dîner. Un bateau de surface suivait notre parcours. Parfois, le challenge était de retrouver la trace du gazoduc que nous avions perdu de vue en remontant à la surface ». Henri Zingg se souvient des lottes qui suivaient les eaux réchauffées par le gaz en circulation, mais aussi des vieux pneus, vélos rouillés, voire l’épave d’un petit avion à 300 m de profondeur, ainsi qu’une chaude alerte lorsque l’Auguste Forel s’était trouvé face à un amas de cordages ou filins qui aurait pu le bloquer et empêcher sa remontée. Henri Zingg est sans doute le Suisse qui a comptabilisé, avec Jacques Piccard et son ingénieur de bord, le plus grand nombre d’heures de sous-ma-rin : « Aujourd’hui, la surveillance sous-lacustre s’effectue par caméra téléguidée et, à terre, par hélicoptère. »23À la fin de l’année 1973, le gazoduc Hollande-Italie est presque achevé. C’est alors que survient la crise pétro-lière de 1973, entraînant, en Suisse, trois dimanches consécutifs sans voiture qui restent gravés dans les mémoires. C’est le tout premier choc pétrolier qui in-duira une augmentation massive du prix du baril. Certains esprits chagrins prédisent le litre d’essence à 5 francs ou la fin des énergies fossiles à l’horizon 2000. De fait, les États-Unis ont passé leur pic de production en 1971, suivi d’une dévaluation du dollar, ajoutant à la pression haussière sur le baril alors que l’embargo arabe lié à la Guerre du Kippour d’octobre 1973 frappe les importations de pétrole brut. Toutefois, le quadruplement du prix du pétrole a également pour effet d’intensifier les recherches de gaz naturel en Europe occidentale, notamment en mer du Nord. En effet, celui-ci peut très bien remplacer l’or noir dans pratiquement tous les secteurs. De plus, la hausse du prix du pétrole entraîne une aug-mentation de la demande de gaz, qui entraîne elle-même une hausse des prix du gaz à l’exportation, permettant ainsi de disposer de nouveaux moyens de recherches. Les réserves sont alors estimées à 50’000 milliards de m3, dont 7’000 sous les mers. Elles se situent essentiellement dans huit pays : l’URSS (30%), l’Iran (20%), les Etats-Unis (11%), l’Algérie (6%), les Pays-Bas (3%), le Canada, le Nigéria et la Grande-Bretagne (2% chacun). L’approvisionnement est ainsi largement assuré. La Suisse, elle, n’a alors pas découvert de gisement de gaz naturel digne de ce nom alors qu’il devient impératif de diminuer sa consommation de pétrole et de garantir son autonomie énergétique.NOVEMBRE 1973LE PREMIER CHOC PÉTROLIERLe quadruplement du prix du pétrole a pour effet d’intensifier les recherches de gaz naturel en Europe occidentale.La hausse du prix du pétrole entraîne une augmentation de la demande de gaz, qui entraîne elle-même une hausse des prix du gaz à l’exportation.251974 : l’arrivée du gaz naturelÀ l’exception d’un tronçon du côté de Genève, tous les travaux de construc-tion de gazoducs sont terminés le 15 avril 1974. Le 25 juin a lieu l’inau-guration au Centre de Surveillance d’Aigle, où une tente a été montée pour 450 invités. L’exploitation peut alors commencer progressivement et les livraisons de gaz sont assu-rées aux consommateurs gaziers, aux industriels et cimentiers. C’est alors une bonne affaire. Avec la hausse intempestive des prix du pétrole in-tervenue suite à la crise pétrolière, l’économie réalisée grâce au gaz natu-rel est estimée à 22 millions de francs pour les partenaires de Gaznat, une économie bienvenue au vu des in-vestissements importants consentis pour l’acheminement et l’utilisation du gaz naturel. Néanmoins, quelques litiges financiers restent à résoudre : Quille-Bouygues réclame une ardoise de 43 millions de francs au lieu des 22 millions initialement prévus et Zschokke demande alors 13 millions En moins de trois ans, l’industrie gazière suisse a investi 800 millions de francs.figure 9Transitgas (TRG)Swissgas (GDR)Gaznat (GSR)Transitgat (TRG)Swissgas (GDR)Gaznat (GSR)au lieu de 6,5 millions. Un tribunal ar-bitral sera constitué : c’est le président de Nestlé, Pierre Liothard-Vogt, à la demande son ami Francis Bouygue, qui proposera un compromis à Eric Giorgis. Malgré ces passes d’armes, 1974 s’avère être l’année du succès. Le gaz naturel est distribué en Suisse dans les délais très courts imposés par les fournisseurs hollandais. En moins de trois ans, l’industrie gazière suisse a investi 800 millions de francs afin de s’intégrer au réseau de transport eu-ropéen et assurer ainsi la distribution à l’intérieur de ses frontières. JUSQU’EN 1974Réseau de gazoducs en Suisse occidentale (1974)1973Chronologied’un choc12.01Le dollar est dévalué de 10% pour la se-conde fois en quatorze mois. Quelques jours après, le billet vert chute sur tous les marchés des changes.24.04À Vienne, les compagnies pétrolières re-fusent de compenser l’impact de la chute du dollar sur les prix du pétrole, comme l’exigent les pays de l’OPEP. Les produc-teurs répondent par une menace de hausse unilatérale.01.06Accord à Genève sur une augmentation de 11,9% du prix du pétrole.01.09La Libye nationalise les grandes compa-gnies pétrolières.04.09Au Koweït, les dix pays de l’OPAEP, l’OPEP arabe, s’entendent pour mener une po-litique de forte revalorisation du prix du pétrole.06.10L’Egypte et la Syrie déclenchent une offen-sive générale contre Israël en plein Yom Kippour.07.10L’Irak nationalise les compagnies américaines Exxon et Mobil Oil.17.10Les Israëliens ayant pris le dessus sur le terrain militaire, les ministres de l’OPAEP décident de réduire chaque mois de 5% leur production jusqu’à ce qu’Israël se retire des territoires occupés.26.10Le Venezuela, pourtant non impliqué dans la guerre d’octobre, relève ses prix de 56%.04.11Au Koweït, les pays de l’OPAEP décident de réduire de 25% leur production pétrolière par rapport à septembre. Les Pays-Bas connaissent leur premier dimanche sans voitures.09.12Nouvelle réduction de production pé-trolière de 5% pour janvier décidée par l’OPAEP.23.12L’OPAEP, réunie à Téhéran, annonce le dou-blement du prix du baril de pétrole, qui passe à 11 dollars.271975La crise pétrolière de 1973 a laissé des traces et engendré une prise de conscience : dépendre du pétrole à raison de 75% pour ses besoins éner-gétiques est dangereux pour la Suisse. Aussi bien du point de vue écono-mique qu’écologique, le gaz naturel est appelé à prendre une plus grande part du marché. En 1975, cette part atteint 4% contre 1,9% en 1973, mais cette dernière est encore fort mo-deste comparée aux taux dépassant les 20% aux États-Unis comme en URSS. En Suisse, Gaznat n’arrive pas à sa-tisfaire toutes les demandes de ses partenaires. Pour passer du gaz de craquage à l’utilisation du gaz naturel, dont le pouvoir calorifique est plus élevé, il faut adapter ou changer tous les appareils chez le consommateur. Il en coûte environ 500 francs par ménage abonné. Toutefois, la renta-bilité est assurée car cette adaptation équivaut à quadrupler la capacité du réseau. Les gaziers sont néanmoins confrontés à de coûteux frais d’adap-tation. En effet, il s’agit aussi d’alimen-ter les cimentiers, qui sont de gros consommateurs d’énergie, avec un quart du marché gazier. Les contrats de Gaznat avec les cimentiers pré-voient de livrer 22,5 millions de m3 par an au prix de l’huile lourde indexée de 10% en sus. Cependant, en raison de la crise du pétrole, les cimentiers vont abandonner dès 1981 le pétrole pour le charbon, le coke de pétrole et même certains déchets comme les pneus usagés.Renforcement du réseau, création d’Unigaz et développement des routes du gaz.DE 1975 À 1987LES SOURCESSE DIVERSIFIENTRÉPARTITION DES QUANTITÉS DE GAZ FOURNI PAR GAZNAT EN 1974 ET 1975 SELON LES TYPES DE CONSOMMATION (EN %)46,7 27,7 25,6 197418,3738,22 43,42 46,7 INDUSTRIELS27,7 CIMENTIERS25,6 ENTREPRISES GAZIÈRES43,42 INDUSTRIELS18,37 CIMENTIERS38,22 ENTREPRISES GAZIÈRES197529Next >